comment identifier ses émotions

Comme nous l’avons vu dans notre précédent article « Le rôle des émotions », chaque émotion est importante pour interagir avec son environnement, assurer sa survie et son bien-être. Il reste alors important d’identifier ses émotions clairement, de les accueillir et les exprimer de façon adaptée. En effet, lorsque les manifestations émotionnelles sont refoulées, les affects ne s’envolent pas pour autant. Le corps s’exprime alors à travers divers troubles tels que les débordements émotionnels, les troubles digestifs, cardio-vasculaires, les éruptions cutanées, les céphalées, douleurs ou encore par des décompensations psychologiques (troubles psychiques).

Comment surviennent les émotions ?

Nous pouvons avoir l’illusion de contrôler nos émotions par moment. Il s’agit en vérité du résultat de processus involontaires et inconscients qui peuvent également être responsables de nos réactions suite à l’apparition de ces émotions.

Le rôle des neurotransmetteurs dans les émotions

Constitué d’un milliard de neurones, cellules spécialisées, le cerveau agit dans le contrôle de processus physiologiques tels que les émotions via les neurotransmetteurs. Comme leur nom l’indique, les neurotransmetteurs transmettent des messages nerveux du cerveau vers les zones ciblées dans le corps. Parmi ces neurotransmetteurs, nous retrouvons l’adrénaline, la noradrénaline, la dopamine, la sérotonine, les endorphines, l’ocytocine.

Le système limbique et le traitement des émotions

Les émotions émergent et sont traitées par le système limbique et plus particulièrement par les amygdales de chaque hémisphère, l’hippocampe et l’hypothalamus.

schéma du cerveau système limbique
Schéma du cerveau normanof.wixsite.com

Lorsque les informations sensorielles des différentes régions du cerveau arrivent au thalamus, une amygdale reçoit et détecte les informations qui lui paraissent nouvelles. Elle y associe une valeur émotionnelle, en particulier lorsqu’il s’agit de la peur, nous verrons plus bas pourquoi. L’hippocampe, le siège de la mémoire, réactive des souvenirs chargés de l’émotion vécue, donnant parfois place à la nostalgie ou alors aux reviviscences traumatiques. À la suite de cela, l’hypothalamus induit des réponses involontaires par le système nerveux autonome (palpitation, sueur, modification du rythme cardiaque ou respiratoire, etc.).

Les voies rapide et lente du traitement émotionnel

Il s’agit de la voie dite rapide. Elle est peu complexe et imprécise (elle traite de la même façon les évènements similaires), peu propice au changement, car mis en place dès la petite enfance et difficile à modifier, car peu consciente.

La voie dite lente quant à elle est précise et consciente, elle prend en considération les détails. Il s’agit du même schéma de traitement avec une réponse plus lente (réaction en quelques millisecondes), car elle implique un passage cortical de l’information au niveau du cortex préfrontal qui traite l’information de façon plus rationnelle. Ainsi, une émotion peut parait excessive pour le cortex préfrontal. Elle est alors apaisée et rationalisée. Dans les phobies, le passage de l’information au cortex préfrontal n’est pas efficace. Il ne permet donc pas de s’apaiser et de rationaliser. Le cerveau traite les situations phobiques, comme les traumatismes, en tant que informations dangereuses. Pour cela la communication avec le préfrontal se coupe en faveur des voies rapides, car le cerveau considère que la réponse consciente est trop lente.

Ainsi, le cerveau traite en permanence les stimuli environnementaux pour y apporter une réponse émotionnelle et par conséquent une réaction adaptée pour chaque situation rencontrée. Par exemple, si vous rencontrez un partenaire potentiellement compatible, l’émotion d’attirance vous incitera à poursuivre la relation. Son rôle est alors de renforcer votre bonheur et peut-être également une reproduction si cela fait partie de vos projets. L’émotion de peur va quant à elle vous inciter à fuir pour protéger votre intégrité physique et psychologique.

Les émotions et leurs troubles

Cependant, si les émotions ont toutes un rôle fondamental dans la survie et le bien-être de l’être humain, il se peut que les réactions émotionnelles soient troublées. En effet, ces réactions émotionnelles sont exacerbées ou au contraire trop souvent refoulées — les détournant ainsi de leur rôle pour renforcer des troubles. Il semble alors primordial de savoir identifier correctement chaque émotion afin de les traiter de façon rationnelle et d’en faire nos alliées.

Comment identifier ses émotions ?

Lorsqu’une émotion s’active, différentes réactions physiologiques s’observent en fonction de l’émotion vécue. Nous verrons les manifestations corporelles observées en particulier avec les émotions de bases et quelques autres.

Les manifestations corporelles des émotions

Lorsque l’on ressent de la peur, il se produit dans le cerveau une décharge d’adrénaline. En effet, le corps se prépare à fuir le danger, les pupilles se dilatent, le rythme cardiaque. La respiration s’accélèrent et l’irrigation s’amplifie dans les membres inférieurs, car la réponse logique est la fuite. Il y a également un ralentissement du circuit digestif. Des tremblements peuvent apparaitre, tout comme des palpitations ou des fourmillements. Des postures en fermeture s’imposent spontanément, les tensions corporelles sont observables. On retrouve les mêmes sensations lors d’un pic de stress. Il s’agit là d’un sentiment provoqué par une peur par anticipation.

Les réactions physiologiques selon chaque émotion

Lorsque la colère s’enclenche, l’hippocampe induit des sensations telles qu’un pouls plus rapide, une sensation de contraction au niveau de la poitrine sur la poitrine. Mais aussi une dilatation des narines, une accélération de la respiration, une contraction des muscles du visage (yeux froncés, mâchoires serrées, lèvres pincées). La circulation sanguine et le rythme cardiaque s’accélèrent faisant monter la température du corps.

En ce qui concerne la tristesse, les sensations provoquées sont la montée des larmes aux yeux. Un tremblement des lèvres, une rupture de la puissance vocale avec une sensation de gorge nouée. Les commissures des lèvres s’orientent vers le bas, les sourcils ont une position oblique et le regard parait absent. Le choc émotionnel stimule les glandes lacrymales qui sécrètent plus de liquide — ce liquide servant habituellement de protection aux yeux. Ce liquide étant composé entre autres d’hormone du stress, une sensation de bien-être est généralement ressentie après les avoir évacués par les larmes.

Lorsque la joie survient, le sourire et les rires sont provoqués par une décharge de dopamine — activant ainsi le système de récompense — et par des endorphines qui ont un effet antidouleur. Le rythme cardiaque s’accélère et les cellules s’irriguent mieux grâce aux vasodilatations et à une meilleure amplitude respiratoire. Les muscles du corps se détendent et la digestion est stimulée.

Le dégoût s’accompagne de nausée, parfois de vomissement. Les narines se resserrent, un réflexe de recule s’active et une hypersensibilité sensorielle s’enclenche. Les sourcils se froncent également, tout comme les yeux. Les commissures des lèvres se relèvent.

Lors de la surprise, le front se contracte, les yeux s’écarquillent. L’attention visuelle et psychique se focalisent sur le stimulus à analyser de toute urgence

Quand l’émoi amoureux survient, la dopamine euphorisante provoque une accélération des battements du cœur. Le souffle est court, les pupilles se dilatent et les phéromones sont sécrétées. Le circuit de la récompense s’active et induit une désactivation des réponses du cortex préfrontal. La sérotonine effectue son action anxiolytique, l’endorphine agit en antidouleur. Les personnes ressentent une sensation de bien-être et de détente malgré une accélération du rythme cardiaque. Certains parlent de « papillons dans le ventre ». Bien évidemment, l’ocytocine, surnommée « l’hormone de l’amour », intervient pour renforcer l’empathie comme dans toutes les relations sociales où l’on s’attache. Lorsque l’émoi amoureux se vit, l’amygdale de l’hémisphère émotionnel s’active moins au profit de l’amygdale rationnel. Cela explique que les réactions amoureuses sont moins guidées par la survie et puissent paraitre plus « folles ».

Finalement,

Identifier ses émotions implique de prêter une attention particulière aux manifestations corporelles avant même de réagir activement. Cela nécessite une capacité de gestion de ses comportements et de prise de recul que nous traiterons par la suite. Il est à noter qu’il existe des « expressions dimorphes des émotions ». Il s’agit de manifestations corporelles inhabituellement associées à une émotion. On pourra ainsi pleurer de rage, se crisper par enthousiasme ou encore rire par honte. Généralement, ces manifestations apparaissent lors d’émotions intenses. On suppose qu’il s’agit d’une stratégie inconsciente de régulation ou une stratégie pour masquer la réelle émotion qui serait inacceptable socialement. D’autres théories relatent que ces réactions émotionnelles peuvent traduire également un état d’esprit. Ainsi, rager d’une réussite servirait à maintenir le combat malgré la satisfaction, ou encore rire nerveusement permettrait une décharge émotionnelle malgré l’état de stress.

Cette complexité émotionnelle est à explorer afin de pouvoir mieux comprendre ce que provoque en soi une situation, l’analyser et la vivre de façon à retrouver un état de bien-être et poursuivre sa vie sans s’effondrer.

 Pour aller plus loin (sources) :

Brain chemicals and emotion sur le site internet https://www.dailylifescience.com/brain-chemistry-and-emotions/

A simple guide to neurotransmitters sur le site internet https://www.compoundchem.com/2015/07/30/neurotransmitters/

The science of emotions sur le site internet https://www.howitworksdaily.com/the-science-of-emotions/?sfns=mo

Brut. – Que se passe-t-il dans le cerveau quand on tombe amoureux ? sur le site internet https://www.youtube.com/watch?v=rDAXN09xISg

PsykoCouac — Pourquoi on pleure de joie ? – Psykonnaissance #34 sur le site internet https://www.youtube.com/watch?v=Tm9P54eW9cM

C’est pas sorcier — Joie, peur, tristesse, colère… QUE D’ÉMOTIONS ! sur le site internet https://www.youtube.com/watch?v=pyeXvjCVfy8https://apprendreaeduquer.fr/identifier-les-sensations-corporelles-des-emotions/