Le concept d'intelligence

Qualité souvent valorisée dans nos sociétés modernes, l’intelligence renvoie à un potentiel difficilement qualifiable, qu’on reconnaît généralement à ces génies qui ont marqué l’histoire. On parle également parfois de différentes intelligences à explorer, celles qui permettent d’expliquer nos talents.

Les études sur l’intelligence se sont longtemps attachés à établir une mesure psychométrique quantitative, à l’instar du célèbre test du Quotient Intellectuel (QI). Nous verrons ici comment définir l’intelligence, avant de s’intéresser à ces évaluations dans un second article.

C’est quoi être intelligent ?

Comprendre l’intelligence et nos talents

Le concept d’intelligence est intéressant en cela que nous en avons tous une définition plus ou moins personnelle, basée sur nos connaissances, notre culture, ou encore nos expériences de vie.

Prétendre définir entièrement cette notion semble à la fois ambitieux et présomptueux, puisqu’elle se base fatalement sur mes propres représentations, mes acquis lors de mes études de psychologie et au fil de mes lectures, ainsi qu’au cours de ma pratique professionnelle. Il s’agit également de ne pas négliger les conceptions de l’intelligence que l’on retrouve au sein de nombreuses cultures, notamment collectivistes.

Je vous conseille d’ailleurs la lecture du chapitre « Ethnothéories de l’intelligence » (pages 232 à 243) de Blandine Bril, publié dans l’ouvrage « l’intelligence de l’enfant » en 2009.

Ainsi, dans certains pays d’Afrique, le terme recoupe des notions polysémiques : la mémoire, la compréhension, la faculté à apprendre, réussir son parcours scolaire, l’utilisation de ses connaissances pour le bien du groupe social. Les capacités sociales et relationnelles sont également valorisées.
L’intelligence sociale, comme nous la définissons en Occident, peut également s’attacher aux notions de « serviabilité, de responsabilité, d’initiative et de savoir-faire ». Les notions de sagesse et de respect s’intégrent à ce concept, au service des rapports sociaux.

À quoi correspond l’intelligence concrètement ( et en quoi elle définit nos talents) ?

Dans notre société occidentale, le concept d’intelligence est davantage centré sur l’individu, sans lien direct avec l’environnement et le contexte social.

D’après le dictionnaire, l’intelligence serait la faculté de « comprendre et de s’adapter facilement ». Il s’agirait également de « l’ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance rationnelle (opposé à la sensation et à l’intuition) ». La définition reste donc très générale, bien qu’on puisse mettre en évidence qu’il s’agit d’un ensemble de processus faisant référence aux capacités de raisonnement, de résolution de problèmes, de logique, etc.

Plusieurs formes d’intelligence ? Explorons les différentes intelligences qui définissent nos talents

La théorie des intelligences multiples : comprendre nos talents

Cette théorie d’H. Gardner (1983) explore les différentes intelligences qui expliquent nos talents. Ainsi elle distingue plusieurs formes d’intelligence à partir de certaines aptitudes dont chaque individu fait preuve naturellement. Ces aptitudes peuvent évoluer au cours de la vie. D’après cette théorie, ces différentes intelligences ne sont pas à hiérarchiser, puisque chacune, voire plusieurs d’entre elles peuvent être mobilisables pour effectuer certaines tâches.

Sachant cela, nous pouvons explorer ces différentes intelligences afin d’expliquer les talents individuels. Chacun serait alors doué de toutes ces formes d’intelligence, bien que selon les individus, certaines soient plus développées que d’autres. Aussi, elles affecteraient la personnalité et les compétences liées à certaines professions :

Forme d’intelligenceCompétences concernéesPersonnalitéOrientation professionnelle
Logico-mathématiqueLogique, résolution de problèmes, raisonnement, calcul mentalTendance à analyser les causes et conséquences des événements, émettre des hypothèses, rigueurMétiers scientifiques, informatique, médecine
Verbo-linguistiqueCapacité d’expression verbale et de compréhension, expression d’idées complexesSensibilité pour la lecture et l’écriture, l’expression verbale et les jeux de motsOrateur politique, écrivain, interprète
Interpersonnelle (ou sociale)Sensibilité et adaptation à l’autre, perception du caractère ou des motivations d’autruiOuverture aux autres, tolérance, recherche d’interaction et de coopération pour la résolution de problèmesEnseignement, politique, commercial, commerçant, manager
IntrapersonnelleCapacité d’introspection, d’analyse de ses réactions, de ses forces et faiblessesTendance à la réflexion et la recherche d’une meilleure connaissance de soi, contrôle de soiMétier du conseil, thérapeute, professions artistiques ou sportive
MusicaleSensibilité au rythme et sa mémorisation, capacité de créationIntérêt pour la musique (écoutée ou jouée), perception des émotions exprimées dans une mélodieMétiers artistiques liés à la musique (chant, danse, musicien, compositeur, etc.)
NaturalisteSensibilité et compréhension de l’environnement vivant, capacités de classification et d’appréhensionObservateur organisé, intérêt pour la défense de l’environnement et sensible à ce qui l’entoureMétiers liés à la biologie, à la recherche
Corporelle-kinesthésiqueUtilisation du corps pour exprimer ses émotions et communiquer, coordination motriceIntérêt pour les activités sportives, la danse et la motricité fineMétiers sportifs ou artistiques (théâtre, spectacle, danse, acteur, artisanat, etc.)
VisuospatialeCapacité de représentation mentale, de mémorisation, de rotation, de visualisation et de créationBon sens de l’orientation et imagination, doué pour les jeux de stratégie (jeu d’échec par exemple)Architecture, urbanisme, peinture, photographie, ingénierie, conception de logiciels

D’autres formes d’intelligence à explorer ?

Enfin, Gardner nomme également une dernière aptitude, qui ne constituerait pas une forme d’intelligence à part entière, d’où sa distinction des autres. Il s’agirait de l’intelligence existentielle-spirituelle, qui serait la capacité à se questionner sur le sens et l’origine des évènements de la vie, sur les normes et les valeurs morales et sociétales.

D’autres auteurs, comme D. Goleman ont évoqué l’intelligence émotionnelle, soit la capacité à percevoir, contenir et exprimer les émotions et sentiments qui nous traversent. Les individus concernés seraient également en mesure de mieux prendre en compte et se représenter les émotions et motivations de ceux qui les entourent.

Cette intelligence serait en lien avec la relation à l’autre et la communication, mais influencerait tout autant nos réactions et nos aspirations.

La théorie des intelligence multiples est utilisée dans certains programmes pédagogiques pour développer les compétences de élèves à partir de leurs propres capacités. Cette théorie des différentes intelligences permet d’explorer et d’expliquer les différents talents de chacun.

À noter cependant que des critiques scientifiques s’élèvent contre cette théorie des intelligences multiples en mettant en évidence :

  • De trop grandes distinctions entre chacun des processus cognitifs, en contradiction avec un facteur général d’intelligence qui sous-tend l’idée qu’il existe des compétences mentales globales contribuant principalement aux performances cognitives.
  • La difficulté de vérifier la théorie expérimentalement à travers des tests d’évaluation quantitatifs.
  • Ou encore l’absence de prise en compte des recherches en neurosciences.

Si les recherches actuelles partent du principe que l’intelligence peut  être globalement  quantifiée par un test de QI, il paraît essentiel de mettre en évidence que d’autres facteurs restent déterminants tels que l’environnement, les expériences de vie, la motivation, le caractère, la catégorie socio-professionnelle, etc.

Ainsi, un grand nombre de thématiques aurait également pu être traitées sur ce sujet avant de s’intéresser prochainement aux méthodes d’évaluation, par exemple en questionnant la notion d’hérédité de l’intelligence ou encore en s’attardant sur le lien entre l’intelligence, les émotions et le bonheur.

Nous aurons cependant l’occasion d’y revenir lors de prochains articles.

Pour aller plus loin au sujet des intelligences et des talents (sources) :

Houdé, O. (2011). La psychologie de l’enfant. Presses Universitaires de France.

Fournier, M., & Lecuyer, R. (2009). L’intelligence de l’enfant. Sciences Humaines.

https://www.psychologika.com/dossier/intelligence

https://blog.acadomia.fr/tout-pour-reussir/existe-t-il-differentes-formes-dintelligence

https://www.mysherpa.be/fr/nos-conseils/8-formes-dintelligence-et-leur-impact-sur-lascolarite

Goleman, D. (2014). L’intelligence émotionnelle I, II. J’ai lu.Demont, É. (2009). La psychologie. Sciences Humaines.